Portrait d'Alumni : Diététicienne Nutritionniste

Bonjour Aurélie, quel est ton poste actuel et en quoi cela consiste-t-il ?
Bonjour à vous, je suis Diététicienne Nutritionniste libérale, c’est-à-dire que j’ai mon propre cabinet d’accompagnement. Les patients que je suis peuvent présenter diverses problématiques, telles que des objectifs de perte ou de gain de poids, des troubles du comportements alimentaires (TCA), la prise en charge de soucis digestifs (maladie inflammatoire chronique de l’intestin, syndrome de l’intestin irritable) mais aussi le besoin de création d’un plan alimentaire dans le cadre sportif.
De plus, je suis chargée d’enseignements vacataire à l’IUT de Clermont-Ferrand, plus spécifiquement dans le BUT Génie Biologique, option Diététique et Nutrition.
Quel a été ton parcours avant l’ouverture de ton cabinet ?
J’ai tout d’abord commencé par une classe préparatoire aux écoles vétérinaires, à Tours, puis j’ai enchainé avec deux années de fac de biologie, à Orléans, pour obtenir un DEUG et je me suis ensuite dirigée vers une école d’ingénieur à Dijon. Je suis donc restée 3 années à l’ex-ENSBANA (École Nationale Supérieure de Biologie Appliquée à la Nutrition), devenue AgroSup Dijon, dans l’option « Nutrition et Santé publique ». C’est dans ce cursus que j’ai découvert le métier de diététicien (prévention et soin) et la possibilité du conseil individuel, qui était différent du conseil de groupes majoritairement inculqué dans ma formation (actions de prévention santé). Mais il n’est pas possible d’ouvrir son cabinet après ce diplôme car il n’est pas à orientation médicale alors c’est pourquoi je me suis ensuite inscrite en 2ème année de DUT Génie Biologique, option Diététique en 2018.
Et tu as ensuite directement ouvert ton cabinet ? Comment cela s’est passé ?
En effet, j’ai créé ma société en octobre 2018 mais j’avais déjà commencé les démarches en amont pendant mon DUT, car il faut rechercher un local et réaliser toutes les démarches administratives.
Je me suis donc lancée à la recherche de ma patientèle, par la réalisation de prospection auprès de professionnels de santé et je me suis également inscrite dans les pages jaunes. Le lancement a été plus long dans cette agglomération par rapport à des collègues s’installant dans des communes plus petites. Mais le-bouche-à-oreille s’est petit à petit mis en place. Enfin, j’ai créé mon site internet qui m’a permis de toucher une patientèle plus large.
Est-ce que tu as pu en vivre rapidement ou as-tu dû cumuler des emplois ?
Lors du démarrage, j’ai été recrutée par Mme Pizzocaro, responsable de département à l’IUT, pour réaliser des heures de cours à l’IUT tout d’abord en bureautique et en bibliographie pendant 2 ans. Puis la personne en charges des « sciences et technologies des aliments » est partie à la retraite et j’ai donc pu reprendre ce module. Ensuite, j’ai également eu l’opportunité de reprendre les cours de « microbiologie et toxicologie alimentaire » ainsi que de réaliser des encadrements de projets tuteurés.
Actuellement, j’effectue moins d’heures de cours mais je poursuis notamment les jurys de stage.
Quelles ont été les raisons qui t’ont poussé à de te lancer directement dans la création de ton entreprise ?
Je souhaitais pouvoir toucher un large public sans être uniquement dans le milieu médical strict (au sein d’une structure). De plus cela me permet une grande autonomie et de personnaliser mon environnement de travail. En effet, j’ai pu récemment aménager mon cabinet de consultations directement à mon domicile, ce qui améliore grandement ma qualité de vie.
De plus, cela me permet de réaliser ponctuellement des interventions lors de conférences ou d’ateliers, et aussi d’enregistrer des émissions sur une radio locale.
Tu travailles donc majoritairement seule, est-ce qu’il t’arrive d’être en contact avec d’autres personnes dans le cadre de ton travail ?
Alors oui je suis « seule » au quotidien dans le sens où je n’ai pas de collègues mais je réalise tout de même des consultations avec des patients tous les jours et puis j’ai besoin d’interagir avec d’autres professionnels (généralistes, spécialistes ou encore psychologues) pour réaliser des prises en charge communes de patients par exemple. Ensuite, j’échange également régulièrement avec d’autres diététiciens sur certains cas, méthodes ou dans le cadre de séminaires.
Est-ce que tu réalises régulièrement des formations et de quels sujets traitent-elles ?
Il est selon moi indispensable de continuer à se former régulièrement aussi bien pour élargir son domaine de compétences que sur de nouvelles pratiques, ce qui me permet de moduler mon poste en permanence. Par exemple, j’ai réalisé des formations dans le domaine de l’alimentation du sportif, les maladies intestinales ou encore les troubles du comportement alimentaire (TCA). Plus récemment, je me forme à de nouvelles formes de thérapies TCC (thérapies comportementales et cognitives, et notamment à l’ACT (thérapie de l’acceptation et de l’engagement) toujours dans l’objectif d’avoir de nouvelles connaissances et permettre de faire évoluer ma pratique et mon accompagnement. Cela représente au moins 40-50 heures par an.
Comment se compose ton emploi du temps sur une semaine ?
Globalement, je consulte environ 32 heures dans une semaine et je dirai que je consacre 3 heures aux formations et aux tâches administratives comme la comptabilité. Mais cette distribution peut varier.
Ensuite, est-ce que tu aurais-tu une fourchette de salaire à nous donner ?
Un diététicien en libéral a un chiffre d’affaires moyen en France de 40 000 euros. Les charges représentent en général 50 %. Ainsi le bénéfice qu’il peut se verser en salaire sera d’environ 20 000 euros par an.
Qu’est-ce que tu trouves de plus ennuyant et de plus stimulant dans ton métier ?
Et si tu pouvais changer quelque chose, qu’est-ce que ce serait ?
Ce qui me manque le plus, je dirai que c’est de ne pas avoir de collègues au quotidien. Mais j’aime vraiment ce métier puisque chaque consultation est unique et propre à chaque patient et qu’il y a beaucoup d’échanges. En effet, la prise en charge d’une même problématique ne se fait jamais de la même manière pour chaque personne car, même si la partie technique de la maladie peut être similaire, la part humaine est tellement importante que les solutions à apporter et le suivi ne sont pas le mêmes.
Ensuite, j’aimerai que cette profession soit davantage reconnue dans le monde médical, même si cela est en train de changer progressivement.
Qu’est ce qui a été la plus grande difficulté que tu aies pu rencontrer dans ton parcours ou ta profession ?
Je dirai qu’il a été difficile d’accepter que le démarrage de ma société soit long car cela entraine une remise en question permanente avec la possibilité de devoir cesser mon activité. C’est toujours une menace qui pèse. Dans une moindre mesure, avec l’inflation, le nombre de nouveaux clients a tendance à diminuer même si j’ai déjà une patientèle régulière.
Est-ce que tu penses que c’est tout de même un métier d’avenir ?
Oui je pense que c’est toujours le cas car on a pu constater ces dernières années et notamment avec la Covid-19 une augmentation du nombre de patients souffrant de TCA et la prise en charge de ces pathologies est multi-professionnelle avec l’intervention de diététicien. Dans la prise en charge des pathologies digestives, la part de l’action diététique est également mieux valorisée. Enfin dans un contexte d’évolution alimentaire, la population s’interroge sur les ajustements alimentaires à faire si on souhaite s’orienter vers un bol alimentaire plus végétal.
De plus, le métier évolue et s’adapte aux besoins des patients de manière à pouvoir toujours mieux les prendre en charge. En conséquence, le nombre de patients potentiels est relativement constant au cours du temps mais il faut savoir s’adapter.
Comment est-ce qu’il est possible de trouver un emploi dans ce domaine, à part en créant son entreprise ?
Je pense qu’il y a une importance majeure à accorder à son réseau car les emplois se transmettent souvent en interne dans des structures, par le-bouche-à-oreille ou par des moyens de communication assez restreints. Il faut donc enrichir en permanence son réseau, tout d’abord avec ses collègues de promotion puis par l’intermédiaire de personnes rencontrées lors de formations ou de séminaires.
Quel conseil donnerais-tu aux personnes qui voudraient suivre ton parcours ou ta carrière ?
Je pense que si l’on veut vraiment être un praticien complet aujourd’hui, il faut travailler deux points en parallèle qui me semblent indissociables : la partie technique de la nutrition, mais aussi l’aspect accompagnant et donc être en mesure de bien maitriser le coté cognitif et relationnel.
Pour finir, est ce que tu as des personnes « mentors » qui t’ont inspiré dans cette voie ?
Actuellement, je dirai que je trouve très inspirant le travail de Florian SAFFER qui est un diététicien qui a intégré les thérapies comportementales et cognitives à sa prise en charge et qui a même créé son Centre de Formation en Diététique et Comportement (CFDC).
L’interview est terminée mais si vous souhaitez avoir plus d’informations concernant Aurélie et son parcours n’hésitez pas à la contacter par mail : aureliemaurer@gmail.com ou à consulter son site internet : https://aureliemaurer.fr.