Portrait d'Alumni : Conseillère en Génétique

Quel est ton poste actuel et en quoi cela consiste-t-il ?
Cela fait un an et demi que je suis Conseillère en génétique, à l’Hôpital Robert Debré à Paris.
Il y a plusieurs aspects à ma profession, mais globalement je reçois en consultation des personnes avec des antécédents de maladie génétique dans leur famille, notamment pour des maladies comme la mucoviscidose ou encore la drépanocytose. Je rencontre beaucoup de femmes enceintes, car nous travaillons avec la maternité et le service du diagnostic Anténatal. Elles sont généralement adressées par leur gynécologue lors des premiers mois de grossesse soit pour des antécédents de maladie génétique dans leur famille avec une mutation déjà identifiée soit dans de plus rares cas lors de signes d’appels échographiques faisant suspecter une pathologie génétique chez le fœtus. Dans le cadre de pathologies considérées comme graves et incurables au moment du diagnostic, une interruption médicale de grossesse peut être proposée aux couples qui le souhaitent.
Comment as-tu eu connaissance de cette profession ?
C’est un métier dont j’ai eu connaissance assez tard, puisque c’était lors de mon stage de 2ème année de DUT que j’ai réalisé à GenBio Gravanches. J’ai réalisé mon stage dans le service de cytogénétique et biologie moléculaire, et c’est dans ce contexte que j’ai pu m’intéresser plus particulièrement à la génétique clinique et à ce qu’il se passait en amont de l’analyse au laboratoire. Après ce stage, j’ai eu la chance de rencontrer les différents professionnels du service de génétique du CHU Estaing qui faisait parvenir au laboratoire GenBio quelques échantillons pour analyse génétique. C’est à ce moment-là, que j’ai choisi d’orienter mes études vers la génétique.
Quelles poursuites d’études as-tu faites après l’IUT ?
Alors, je suis de la promotion DUT Analyses Biologiques et Biochimiques 2017 et après l’obtention de mon diplôme, j’ai choisi de faire une année d’étude à l’étranger pour améliorer mon anglais mais aussi car j’étais attirée par la génétique et qu’il n’y avait pas forcément de formation spécialisée en L3 à ce moment-là. Je suis donc allée à Aberdeen, en Ecosse, pour réaliser une année de licence et donc obtenir un niveau bac+3. J’ai ensuite réalisé une première année de Master Biologie/Santé orienté recherche, parcours génétique génomique et biotechnologie au cours de laquelle j’ai pu réaliser un stage au sein de l’institut Imagine à Paris, dans un laboratoire travaillant sur l’hématopoïèse et l’immunothérapie. Je me suis ensuite dirigée vers un Master spécialisé en Conseil en génétique, à Marseille, après avoir candidaté une deuxième fois car il y a beaucoup de candidatures et très peu de places (environ 200 candidatures pour 10x moins de places), il m’a permis de réaliser plusieurs stages dans des CHU et dans divers domaines (neurologie, cancérologie…). J’ai finalement été diplômée en 2021, et j’ai obtenu un poste directement après l’obtention de mon diplôme.
Quel poste as-tu obtenu à ta sortie d’étude et cela a-t-il été difficile ?
Il y peu de postes chaque année, mais en 2021, il y a eu 3 postes à pourvoir en prénatal dans la région parisienne (ce qui est extrêmement rare), qui était le secteur dans lequel j’envisageais de travailler. Il y avait un poste dans un hôpital où j’étais déjà allée pour mes stages et j’avais envie d’essayer une nouvelle structure. J’ai choisi le poste bi-sites, c’est-à-dire que j’interviens à deux endroits différents mais tout de même en intra-muros.
Comment as-tu connaissance des offres d’emploi ?
C’est grâce à un réseau spécifique à ce domaine qui est l’Association Française des Conseillers en Génétique, qui regroupe toutes les offres de postes de conseiller en génétique et d’assistant de prescription.
Est-ce que tu pourrais nous décrire un peu plus précisément tes missions ?
Ma semaine est répartie entre plusieurs activités. Tout d’abord, je réalise environ une journée et demie de consultations, puis je réalise l’ensemble des tâches administratives associées, c’est-à-dire la préparation du dossier en vue de la consultation, les comptes-rendus, l’envoi des prélèvements au laboratoire et le rendu des résultats aux patients. Et il faut ensuite entrer les consultations effectuées dans une base de données pour coder l’activité. En parallèle, je dois également réaliser des prescriptions d’analyse génétique et m’assurer du bon envoi de l’échantillon aux laboratoires pour des diagnostics prénataux.
La seconde partie de mon temps concerne l’organisation et la participation à des réunions de CPDPN, pour Centre Pluridisciplinaire Diagnostic PréNatale. Réunions qui ont lieu toutes les semaines et réunissent plusieurs professionnels de santé spécialistes de différents hôpitaux à Paris ou en région parisienne. Elle a pour objectif de permettre aux professionnels d’échanger sur les conduites à tenir et de prendre des décisions sur les dossiers les plus délicats impliquant dans la plupart du temps des malformations fœtales, des prises en charges particulières à la naissance, des diagnostics prénataux et parfois des IMG (Interruptions Médicales de Grossesse).
Il y a également une réunion de service qui regroupe le personnel des branches de génétique clinique, de biologie moléculaire ainsi que de cytogénétique. L’objectif est de discuter des résultats obtenus dans la semaine, de cas particuliers et des mutations identifiées…
Tu travailles donc souvent en collaboration avec d’autres personnes ?
De manière quotidienne, je travaille avec un médecin généticien qui fait le diagnostic et identifie une mutation génétique causant la pathologie du patient. Ensuite, j’évalue le risque qu’a une personne de la famille d’être porteur de cette même mutation génétique et d’avoir un enfant atteint de cette maladie. Cela permet d’intervenir de manière préventive (c’est-à-dire avant une grossesse) dans le meilleur des cas. Je peux ensuite leur prescrire un test génétique via une prise de sang et je les rencontre à nouveau pour échanger quant aux résultats.
Ensuite, j’échange très régulièrement avec d’autres médecins biologistes spécialistes dans le diagnostic de certaines pathologies, et je travaille également avec beaucoup d’obstétriciens dont les sages femmes.
Qu’est-ce que tu trouves de plus stimulant mais aussi de plus ennuyant dans ton travail ?
J’apprécie vraiment la diversité des situations rencontrées. Car même si certaines pathologies génétiques sont plus fréquemment retrouvées, la situation familiale ou les antécédents ne sont jamais les mêmes et la prise en charge est donc personnalisée. De plus, les réunions pluridisciplinaires me permettent d’apprendre constamment de nouvelles choses.
En revanche, la mise à jour de la base de données de l’hôpital, ce qu’on appelle le codage des activités, est une activité très répétitive et peu stimulante, mais elle permet à l’hôpital d’avoir des financements.
Quelle a été la plus grande difficulté que tu as pu rencontrer dans ton parcours ?
Le plus dur a été de trouver comment accéder aux métiers liés à la génétique. Car c’est le métier de technicien en service de génétique qui nous est proposé après le DUT et je souhaitais davantage m’intéresser à l’aspect clinique de la génétique et pouvoir être le prescripteur des analyses génétiques les plus adaptées et pouvoir traiter les données associées. Il a donc été nécessaire de réaliser beaucoup de recherches et demander pleins de renseignements avant de trouver le métier de conseillère en génétique.
Est-ce que tu penses que ton métier est un métier d’avenir ?
Oui je pense que c’est un métier d’avenir car il y a des progrès permanents dans la génétique. Mais en France, il y a assez peu d’argent dans la fonction publique pour créer des postes bien qu’il y ait maintenant 3 masters de conseillers en génétique et donc 3 fois plus de demandeurs d’emploi dans ce secteur. Je pense que pour l’instant il y a une certaine évolution de ce métier mais qui va bientôt stagner car il n’existe pas énormément de centre de génétique en France, qui est une spécialité rare, car elle ne traite que des maladies qui sont rares par définition.
Est-ce qu’il y a une évolution possible dans ton poste ?
Malheureusement, il y a assez peu d’évolution possible du fait de notre poste qui est « chargé de mission non administrative » quand nous exerçons dans la fonction publique. C’est-à-dire que nous ne sommes pas fonctionnaires et qu’en plus il n’y a pas de grille de postes/salaires/évolution pour notre profession. Cela peut être différent d’un hôpital à l’autre car il n’existe pas de grille spécifique pour les conseillers en génétique.
Aurais-tu une fourchette de salaire à nous donner ?
Le salaire débutant varie suivant les hôpitaux et la région mais je dirais que c’est à peu près de 1700€ en province et 2000€ en région parisienne. Ensuite, les augmentations ne sont automatiques et il est donc nécessaire de les demander régulièrement mais il n’y a pas une grande augmentation du salaire au cours de la carrière.
Quel conseil donnerais-tu aux personnes qui voudraient suivre ton parcours / ta carrière ?
Le plus important est de bien se renseigner auprès des professionnels qui exercent le métier avant de se lancer dans cette voie, car le master n’ouvre qu’à cette profession qui se voie un peu bouchée depuis l’ouverture des 2 autres masters.
Pour finir, as-tu des personnes modèles / mentors qui t’ont inspiré cette voie ?
Dans mon cas, c’est ma rencontre avec la Docteure Christine Francannet, cheffe du service de génétique au CHU Estaing, et de son équipe lors de ma visite en stage de 2ème année qui m’a menée vers cette voie.
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